lundi 9 février 2015

Dôme (T. 2) - Stephen King

Auteur : Stephen King
Lecture en : VF
Genre : Fantastique
Date de sortie : 2009 (2013 pour cette édition)
Nombre de pages : 730 (735 avec le postface)


A peine ai-je refermé le tome 1 que j'ai attaqué le 2. Je DEVAIS savoir : Barbie va-t-il enfin prendre le pouvoir pour rétablir un peu d'ordre, Jim Rennie va-t-il enfin récolter ce qu'il a semé, Junior va-t-il finir à l'asile ? (c'est la meilleure chose qui pourrait lui arriver !). Bref, je voulais le dénouement, sachant que l'adaptation en série n'a rien à voir et que je ne pouvais donc pas m'appuyer dessus pour essayer de deviner :)


Résumé


La suite du Tome 1, tout simplement. Pour mémoire, les habitants de Chester's Mill se retrouvent un beau jour coupés du monde par un champ de force invisible. Personne ne sait d'où vient ce dôme transparent, combien de temps il va rester là ... et l'armée elle-même est impuissante à ouvrir un passage. A l'intérieur, les ressources se raréfient, et les habitants doivent s'organiser pour leur survie. 
Jim Rennie, qui a toujours rêvé de mettre la ville sous sa coupe, voit tout de suite le bénéfice qu'il peut tirer du Dôme et va tout faire pour que celui-ci reste en place le plus longtemps possible. Sachant, surtout, que ses petites magouilles doivent absolument rester secrètes. Pour cela, il place des hommes de confiance aux postes-clés. Et par "hommes de confiance", il faut comprendre "trop idiots ou trop effrayés pour lui tenir tête". Même si sur le papier il n'est pas Premier conseiller de la ville, tout le monde sait qu'il tire les ficelles. Mais c'est sans compter la résistance qui s'organise pour le faire tomber, si possible, faire tomber le Dôme.  


Mon avis


Même si les premiers chapitres (re)mettent la situation en place, le rythme s'accélère rapidement. Plus on lit, plus on a envie de continuer. Jusqu'où ça va aller ? 
Les personnages sont un peu plus creusés : résignation, folie, choix de son camp, embrigadement, combat pour la liberté... enfin, chacun, ou presque, choisi. 
Cette analyse des dérives religieuse, politique, d'égo surdimensionnés, de prise de pouvoir... est brillamment développée. Ca fait limite peur de se dire que nos hommes politiques, ceux qui nous dirigent, ont tous quelque chose en eux de Jim Rennie ! :D 

La nature humaine peut être destructrice.

Les personnages


Je déteste toujours autant Jim Rennie, ça n'a pas changé... en fait si, je crois que ça a empiré depuis le tome 1. Je dois avouer une chose : ça me rendait tellement folle de voir qu'il s'en sortait toujours que une fois ou deux la question m'a effleuré : "Mais pourquoi je continue à lire, je suis limite en train de m'arracher les cheveux tellement il me tape sur les nerfs ce mec !" 
Ca me fait rarement ça, je dois dire. J'ai bien sûr souvent lu des romans où les personnages étaient ciselés, décrits presque à la perfection, mais j'ai rarement croisé des pourris à ce point, qui cherchent à compenser je ne sais quoi !

Arrogant, imbu de sa personne, il se dit croyant mais est le cliché du républicain raciste qui ne croit en rien d'autre qu'à la supériorité des Blancs (n'appelle-t-il pas tous ceux qu'il déteste - soit presque tout le monde - des "cueilleurs de coton" ; expression à consonance légèrement raciste si je puis dire, inspirée de l'esclavage ?). Le cliché de l'Américain qui se représente Jésus blond aux yeux bleus

Le type qui a malheureusement une intelligence politique, un sens de la manipulation très trop développées, qui sait comment parler aux gens pour les amener à penser qu'il est le Sauveur, la personne sans qui tout pourrait s'effondrer, et qui justifie son trafic de drogue, ses meurtres, sa violence, par un "C'est la volonté de Dieu". J'ai souvent pensé que Dieu avait le dos large.
Même si je suis de nature plutôt non-violente, j'avoue que Rennie, j'aurais bien aimé le voir mort. Sous la torture de préférence :-D la ville ne s'en serait que mieux portée. 

J'ai néanmoins commencé à changer d'avis lorsque dans le 3ème chapitre, j'ai senti le vent commencer légèrement à tourner pour lui et vu quelqu'un enfin lui tenir tête au point de l'énerver au plus haut point et de lui faire fermer sa grande bouche. J'ai jubilé. Et je me suis dit "non, en fait, je ne veux pas le voir mort, je veux le voir tomber. Je veux que son monde s'écroule devant lui, je veux que tout le monde se retourne contre lui, je veux que ses victimes (encore en vie !) viennent en personne lui passer les menottes et je veux qu'il explose de rage en prison. Je sais très bien que jamais il ne reconnaîtra avoir eu tort, mais tant pis, je veux qu'il connaisse juste ce sentiment de royaume qui s'effondre sous ses pieds. 
Ouais, j'peux être perverse, mais je vous rassure, uniquement quand on parle de gens comme Rennie.

Malheureusement, malgré un petit espoir lié à son coeur (physique bien sûr), il arrive encore à s'en sortir et à continuer ses vacheries. Quand est-ce que ça va s'arrêter ?? Pourquoi ce type a-t-il toujours de la ressource, c'est agaçant à la fin !

Encore une fois, je pense que si ce personnage m'a fait ressentir autant d'émotions (négatives, certes, mais quand même) c'est grâce au talent de King. 

Les autres


J'aime bien le fait que beaucoup de romans de King, il y ait beaucoup de personnages, toute une population. J'ai bien aimé voir l'histoire à travers ces différents regards. 

J'ai continué à râler à propos des "policiers" engagés par Big Jim, à propos de leur sens surdéveloppé de l'égo. A propos de leur bêtise. Ils auront été %@# jusqu'au bout d'ailleurs !

J'ai flippé pour les "gentils" de l'histoire et espéré que l'auteur soit assez sympa, après tout ce qu'ils ont enduré, pour les laisser gagner, vivre, s'en sortir à la fin. Mais comme je sais que les happy end ne sont pas toujours sa spécialité, j'ai serré les fesses jusqu'au bout !
On retrouve bien le manichéisme cher à King dans ce livre, ça ne m'a pas trop gênée, même si les "méchants" sont vraiment ... méchants. Toutes leurs lumières ne sont pas allumées :) 

Attention, quelques spoilers se sont glissés dans cette partie, lisez à vos risques et périls

J'ai bien aimé la morale sous-entendue de l'histoire. Dans ce 2ème tome, on en apprend plus sur le passé de Julia, de Barbie, Rusty, et d'autres personnages centraux. Et je me suis demandée sur le coup ce que ces souvenirs avaient d'important. Mais connaissant King, je me disais bien que ça allait ressortir à un moment donné !

Je m'attendais à avoir plus d'explications sur qui a mis le dôme en place et pourquoi. On effleure le sujet à un moment donné, mais c'est un petit peu plus développé dans les dernières pages. Oui, seulement les dernières pages, et c'est dommage. Parce qu'en fait, le but de l'auteur n'était pas de trouver une explication méta-physique-psychologique-surnaturelle-extraterrestre au phénomène. C'était d'analyser le comportement humain et ses dérives lorsqu'une population se retrouve enfermée, livrée à elle-même, à lutter pour sa survie et contre un pouvoir totalitariste qui se met en place. C'est essayer de comprendre comment un type comme Rennie peut se retrouver aux commandes.

Finalement, ceux qui ont mis ce dôme en place voulaient juste s'amuser "innocemment". Un peu comme un enfant s'amuse à mettre un coup de pied dans une fourmilière pour affoler les fourmis. Ou attrape des insectes "pour les étudier". Mais et si c'était nous, les insectes ? L'analogie que fait King entre les fourmis et les hommes est intéressante. En effet, les fourmis sont une espèce hyper intelligente, organisée, qui fait sa petite vie, et il parait même que si les hommes n'étaient pas arrivés à un tel stade d'évolution, s'il n'y avait pas d'hommes sur la Terre, les fourmis domineraient le monde.  
Partant de ce constat, où est le mal si une espèce supérieure à la nôtre s'amuse à nous enfermer dans une boîte pour nous observer, jouer avec nous ? On fait bien pareil... 
Dieu, en fin de compte, n'est qu'une bande de morveux qui jouent à un jeu vidéo interstellaire. Vous ne trouvez pas ça drôle ? (Révérende Piper Libby)

J'ai bien aimé le symbole du cataclysme qui se déclenche à la fin, comme si on faisait place nette pour tout recommencer au début, avec "les valeureux", ceux qui ont osé se dresser contre le pouvoir en place et qui ont risqué leur vie pour s'en sortir et renverser le dictateur. Bien sûr c'est triste pour tout ceux qui ne s'en sont pas sortis (bon, hé, c'est de la fiction hein !) ; comme si les survivants avaient une nouvelle chance offerte pour essayer de faire mieux. 

J'aurais bien aimé, aussi, un épilogue pour savoir ce que ces gens deviennent après. Restent-ils à Chester's Mill ? Est-ce qu'ils recommencent une nouvelle vie ailleurs ? Mais encore une fois, je pense que ce n'était pas le but de King d'aller aussi loin dans le détail. Le sujet, c'était la vie à l'intérieur du dôme, le reste est loin d'être bâclé, bien sûr, mais il n'est pas détaillé. Mais du coup, comme l'histoire est super bien, on reste un peu sur sa faim !

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